Bérurier et le gros seau vert

Publié le par Fab de l'An Mil

Si vous trainez un peu sur les blogs ci-contre et les liens qui en découlent, vous savez sans doute que le génial Thom (il va surement faussement modestement s'offusquer que je le traite de génial, mais au fond il sait que j'ai raison) a eu la bonne idée (d'autant meilleure que j'ai failli avoir la même, une fois) de lancer un projet appelé "crossover". 
SeauVert.jpgComme j'aime bien les projets en communauté, j' avais très envie de m'y coller. Mon problème, c'est que ça fait des mois (des ans?) que j'ai pas lu un bouquin littéraire (fort malheureusement). Et puis en regardant un peu ce qu'avaient fait mes camarades blogueux lettrés, j'ai remarqué qu'eux pouvaient, s'ils le désiraient, traiter d'un musicien plutôt que d'un album en particulier.
Alors, comme je ne me rappelle plus quel roman j'ai lu en dernier (et il y a des chances que ce soit un J.-C. Grangé, je me verrais mal toquer à la porte DU golb avec ce genre d'ouvrage sous le bras), j'ai décidé, et j'espère que Thom ne m'en voudra pas, de traiter d'un sujet un peu plus large qu'un bouquin précis.

Un autre dilemme qui a failli faire que je passe à côté de ce magnifique projet de crossover, c'est que je me suis personnellement fixé comme contrainte, à l'ouverture de ce blog, de parler uniquement de musique. Alors, quand j'ai récemment repris conscience qu'un des plus célèbres vrais groupes de vrai rock français de tous les temps (pas trop dur, en même temps, vu leur nombre) tenait son nom d'un des plus célèbres personnages récurrents de la littérature populaire française du vingtième siécle, je me suis dis que je tenais une idée pour ménager la chèvre et le chou, mélanger harmonieusement les torchons et les serviette, concilier le marteau et l'enclume, marier la poire et le fromage.FDard2.jpg
Bon, arrivés à ce point de cette lourde énumération d'indices, seuls les lettrés les plus binoclards et les rockeux à franges les plus obtus n'ont pas compris de quoi il s'agit, on va donc arrêter de tourner autour du pot. Tout le monde l'a compris, je désirerais grandement vous entretenir
 de celui qui a donné son patronyme au fameux groupe Bérurier Noir (1978ou1983-1989 puis 2003-2004, je crois -ça c'est pour les littéraires lunettus), j'ai nommé Alexandre-Benoît Bérurier, fruit de la prolifique et généreuse imagination du génial et modeste Frédéric Dard (ça c'est pour les hardos à cuirs chevelus). 
  

Pourquoi Béru?
Parce que, certainement qu'en fait, Bérurier est le véritable héros des aventures de San Antonio. San A., espèce de James Bond de la DST est évidemment trop intelligent, trop beau, trop propre, trop séduisant, trop effStandinge.jpgicace dans tout ce qu'il entreprend pour être intéressant. Évidemment, il endosse dans toutes ses histoires le rôle du Clown Blanc. Et Alexandre-Benoît, bien sûr, c'est l' Auguste. C'est lui, et une kyrielle d'autres personnages tout aussi rocambolesques (sa femme Berthe, la petite Marie-Marie, Pinuche l'inspecteur...), qui occupent finalement le "devant de la rampe" et c'est pour eux qu'on se replonge chaque fois avec la bave aux lèvres dans une nouvelle aventure du commissaire. Et Dard ne s'y trompe pas, qui lorsqu'il commet des "hors séries", les concentre sur son personnage fétiche, et nous livre entre autres un pavé de pur rabelaisianisime : Le Standinge (Le Savoir-Vivre Selon Bérurier), duquel Antoine San Antonio est complètement absent.
   

Alors, Alexandre-Benoît, c'est qui? ...ou plutôt : c'est quoi?
Béru, ça pourrait être le beauf de Cabu, le frère de Robert Bidochon, le Français moyen dans toute son ignominie. En effet, totalement insouciant de son apparence, il est hirsute, gros et mal odorant. Mal élevé, il manque singulièrement de discrétion en toute occasion et fait constamment montre d'un égoîsme à toute épreuve. Un sale blaireau, quoi!
Seulement voilà, c'est généralement lui qu'on aime retrouver dans les romans de San Antonio. Pourquoi? Et bien sans doute parce qu'il présente trop de défauts pour être réel, parce qu'il met avec grand humour l'accent sur le côté "beauf" qu'on a tous plus ou moins, mais surtout parce que son profil sert de catalyseur à l'imagination débordante de Frédéric Dard. Celui-ci se régale à le martyriser physiquement, à l'humilier en le montrant à la Terre entière dans toute sa nudité mentale aussi bien que physique, à se gausser de son inculture ou de son langage approximatif. Pour notre plus grand plaisir, évidemment. 
Mais attention, rien de tout cela n'est fait méchamment, car c'est souvent l'inspecteur Bérurier qui, dans un éclair d'intelligence et de maîtrise de soi, va tirer son supérieur hiérarchique de la mouise, récoltant aux passages des honneurs mérités.
Ou c'est lui qui, comme son commissaire muni d'un attirail généreusement dimensionné, va pouvoir honorer, pendant ses heures de services, moult créatures féminines de la plus abjecte à la plus attirante. Décomplexé en amour comme en quoi que ce soit, A.-B. a une conception de la relation sexuelle proche de l'animalité, et c'est sans doute d'abord cette envie de faire, et généralement de bien faire, qui transparait sur sa personne et qui le rend si attirant auprès de certaines.
B--ru1.jpgSinon, ce serait une faute de ma part d'oublier de mentionner le gargantuesque appétit de Bérurier pour tout ce qui s'avale : à boire et à manger. Pouvant ingurgiter des litres de boissons sans vaciller (Gérard Depardieu a d'ailleurs interprété son personnage au ciné), il ne quittera non plus jamais une pièce sans avoir au préalable dévoré ou mis sur le coin de l'oreille toutes les victuailles qu'elle pouvait contenir. Sans doute aucun : Bérurier est l'archétype du bon-vivant.
Enfin, et c'est probablement plus glorieux, Béru est aussi et surtout dévoué et fidéle. Dévoué à son Sana, au service duquel il met sa force collossale plus souvent qu'à son tour, capable d'aller au charbon à la moindre occasion, quite à se prendre des raclées aussi monumentales que lui. Fidèle, il l'est (paradoxalement) à sa femme Berthe, même s'il fraie régulièrement avec d'autres femmelles, il ne considère pas cela comme de la tromperie, et la Bertaga n'y voit généralement pas de mal non plus, allant même jusqu'à commenter fièrement auprès de tiers les performantes étreintes extra-conjugales de son mari préféré.

A lire cette description, quiconque n'aurait jamais lu de San Antonio (si tant est que cela existe) pourrait se demander quel intérêt on peut trouver à lire, à longueurs de dizaines de romans, les frasques d'un tel affreux jojo. C'est là qu'il ne faut pas se tromper et prendre bien en considération que le style littéraire de son créateur est, sinon inimitable du moins inégalable, et que, virtusose du jeu de mots et du calemebour, il amène réguFDard1.jpglièrement son lecteur jusqu'au fou rire, sans que celui-ci en ait même honte. A ce sujet, je me rappelle d'un jour sur une plage en été où je voyais, un peu au loin, un monsieur tout seul allongé sur sa serviette et qui, me tournant le dos semblait être pris de convulsions. Voulant tenter d'aider ce malheureux épileptique, je me rapprochai de lui, mais quand mon champ de vision s'élargit et que je compris la cause de ces spasmes, je rebroussai chemin : ce bienheureux était tout simplement en train de bouquiner un San Antonio! Un talent gigantesque, ce Frédéric dard.

  

Et pourquoi Noir, alors?
Vous l'avez compris, Alexandre-Benoît Bérurier est un symbole imaginaire mais bien vivant "de la crasse, de la VivaBertaga.jpgpuanteur, du gras-double, du mal baisé, du mal rasé, du mal torché, de la classe moyenne, la peste, la maladie, les microbes, les infections, le chaude-pisse, les pellicules dans les cheveux gras, les chaussettes humides de sueur" selon les mots de François et Loran, qui en s'emparant du personnage de Bérurier, l'on dépecé de son aspect clownesque pour ne garder que le grotesque et, en lui adjoignant l' épithète "Noir" l'ont transformé en figure de proue "du noir-tristesse, massacre, mort, fin du jour, réglements de comptes, écrits politiques, apartheid...l' amour, le sexe, magie-secte-religion, l' horreur, les violences, les cauchemards-rêves, la peur, l' enfant qui pleure dans le noir, les coulisses de la société, les organisations, les syndicats, les violences policières, les cachots, les Q.H.S., l'enfermement, tous les enfermements". Je sais, c'est maladroit et ça ne veut pas dire grand chose, mais c'est ça le punk, c'est caricatural et ça s'assume en tant que tel, et c'est ça qu'est bon.

Alors c'est pour ça que moi je dis que, quelle que soit leur couleur :

Vivent les Béruriers !!!

Publié dans keuvra

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B
et oui vivent les bérus!!jai créé une communauté spéciale chroniques! rejooint la!!
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F
Bonjour Baptiste, et bienvenue dans ces pages!Ton blog à l'air intéressant, il faudra que je m'y attarde un peu plus, quand je me serai habitué à ta police si particulière  ;-)Et Je $ui$ SinOn tRès flATté dE Ta pröpÔsitiOn de pArtIcipAtiion @ Ta COmmunAuté, pOur Le JoUr où j'AurAi QuElqUe-cHoSe à PubLier.   ;-)
G
Trop dur, je suis pas du matin... on l'aura deviné... un type qui écrit encore des conneries sur les blogs vers les 3h du matin a peu de chances de se lever autour de 6h. Ou alors, il est vraiment très très matinal et déjà debout...Sinon, pour en revenir aux choses sérieuses... j'ai tout de même assuré, non ? OK, c'est pas 03:00:00, je n'ai pas non plus réédité l'exploit du 02:00:00. Mais tout de même : le commentaire n°18, à 03:02:32 puis mon suivant à 03:03:22, c'est la classe, non ? :-)Non seulement ils sont individuellement symétriques, mais en plus se combinent et se répondent, à un jour d'intervalle !Par contre, toi, t'as pas assuré... 08:46:07, c'est 'importe quoi :-)Dommage pour ton précédent, le 08:07:26... à 20 secondes près, tu aurais pu nous faire un joli 08:07:06... dommage, vraiment.Tu parlais ci-dessus de la "Systool-alerte" qui vient te rappeler qu'il est temps de faire un nouvel article, tu as encore pire, c'est la "G.T.-Alerte". Car quand tu me vois commencer à partir dans des commentaires sur "l'esthétique de l'affichage horaire dans la publication des commentaires", c'est qu'il est grand temps d'alimenter ton blog avec de nouvelles choses ! :-))
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F
Ouiiii, bonne idée!Je vais pondre un article sur l'esthétique de l'afichage horaire dans la publication des commentaires.Et, tiens! Ça me donne aussi l'idée de faire un article sur la pertinence des codes anti-sapms de comm avec le sujet traité, et aussi sur la fréquence de la présence accrue dans ces mêmes codes de caractères chiffres après d'une première saisie ratée.Je sens qu'on va bien s'anuser.   :-(
G
Re-aargh ! Je voulais arriver ce coup-ci à 03:00:00, mais mon réveil a sonné trop tard :-)Bon, va falloir maintenant que j'explique à ma chère et tendre pourquoi je la réveille en pleine nuit en mettant le réveilà 2h59... ;-))Par contre, pour 6:00:000 c'est pas gagné !
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F
Ben, j'te dis, moi, pour éviter les scènes de ménage, je voudrais des commentaires à 6:00:00 !  :-)
G
Aaaargh :-)Enfin, tout n'est pas si grave 00:11, ça reste symétrique et plutôt carré, non ?Bon, désolé pour ces commentaires inutiles, je suis un grand malade ! :-))
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F
Je vois ça...    :-))Le prochain commentaire, je voudrais l'avoir à 6:00:00, stp     ;-)
G
Et voilà !
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